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Petits et grands délires, douces folies, humour, critiques, réflexions, poésie ; sur la bêtise humaine et sur tout ce qui me passe par la tête, par le coeur, dans l'instant.

30 Dec

LA DÉSINSTITUTIONNALISATION DES AÎNÉS EN PERTE D'AUTONOMIE

Publié par GinTonHic  - Catégories :  #Mes grands délires

 
 
ENVOYE À MAISON !
 
Je n’en peux plus d’entendre parler de la désinstitutionnalisation des aînés en perte d’autonomie. Une autre belle solution de nos grands comptables du gouvernement.
 
Ça n’arrive pas dans la colonne budgétaire ? Pas de problème. On change de colonne ! On retourne nos « ti-vieux » malades à la maison. On ne les voit plus ; on a plus de problème ! C’est pas beau ça !
 
C’est décourageant. On n’a jamais été autant scolarisé au Québec, mais ça n’a jamais été aussi mal ! Elle est où l’erreur ?
 
Il y a 40 ans, ma mère s’est rendue malade à prendre soin de ses parents malades d’avoir pris soin de leurs parents malades. Moi, je me rends malade à prendre soin de mes parents malades.
 
Faisons un calcul rapide. Moi, découragement total parce que je ne voyais pas le bout de la fin. Ma mère forcée de placer sa mère pour « ne pas y laisser sa peau » lui conseilla le docteur. Puis, ma mère, encore : anévrisme et greffe de l’aorte abdominale dus au stress de prendre soin de mon père qui a fait trois AVC. Je ne calcule pas ma sœur, qui tient encore debout, par je ne sais trop quel miracle. Mon grand-père, ma grand-mère et sa mère avant. Au bas mot, sept personnes affectées directement par la maladie de l’autre.
 
Mais, dans bien des cas, ça ne s’arrête pas là. Il y a tous les problèmes familiaux qui résultent de la prise en charge par la famille d’aînés en perte d’autonomie. Conflits avec les conjoints et les autres membres de la famille qui, dans certains cas, engendrent d’autres problèmes de santé, quand ça ne finit pas en divorce. Conflits avec les collègues de travail et l’employeur, qui peuvent mener à la perte de l’emploi et à un stress additionnel dû au manque de ressources financières.
 
Dans bien des cas, le principal aidant naturel est l’autre conjoint, qui est aussi âgé que la personne en perte d’autonomie. L’aidant doit souvent poser des gestes interdits aux préposés aux bénéficiaires dans les centres hospitaliers, ex. : donner des médicaments et des injections d’insuline. Trouvez l’erreur !
 
Il faut aussi savoir que l’aidant naturel est de garde 24 heures sur 24. Monsieur Couillard, essayez ça pour voir. Sûrement quelqu’un se fera un plaisir de vous confier son aîné malade pendant une semaine. Vous nous en redonnerez des nouvelles.
 
« On va mettre plus d’argent pour les soins à domicile. »
 
Bien oui ! Mais il manque de la main-d’œuvre Q-U-A-L-I-F-I-É-E. Puis, on aimerait que cette main-d’œuvre Q-U-A-L-I-F-I-É-E ne passe pas plus de temps dans son « C-H-A-R » entre deux patients qu’à les soigner !
 
Quand tout le monde est au même endroit, ça va plus vite se déplacer. Puis, ça coûte moins cher d’essence, ce qui est bon pour l’environnement. Mais, au fait, ça va dans quelle colonne du budget, l’essence ?
 
Peut-être vous dites-vous que je suis dépressive et que je dis n’importe quoi ?
 
Non. Je ne dis pas n’importe quoi. Car près des deux tiers de ma vie se sont écoulés auprès de parents aînés en perte d’autonomie. Je les ai vus dépérir à la maison, entraînant dans leur chute d’autres membres de la famille. J’ai vu leur santé s’améliorer, et celle des autres membres de la famille, lorsqu’ils ont reçu les soins appropriés en centre de soins de longue durée.
 
Oui, monsieur/madame tout le monde peuvent prendre soin de quelqu’un pendant un moment. Mais vient un temps où cela dépasse leurs compétences. Alors au lieu d’aider, ils nuisent, ou pire, meurent.
 
On demande à l’aidant naturel d’être tout : médecin, psychologue, physiothérapiste, infirmier, préposé, travailleur à temps plein, conjoint/parent responsable, ayant besoin de peu de sommeil, joyeux, heureux et, surtout, sans émotion. On nous demande d’être Dieu quand Dieu lui-même n’arrive pas à tout faire.
 
Et que fait-on de tous ces aînés qui sont seuls ?
 
Je rappelle à notre gouvernement la mission de son Ministère de la Famille et des Aînés présentée dans un document remis lors des consultations publiques sur les conditions de vie des aînés.
 
« La mission du Ministère est de FAVORISER L’ÉPANOUISSEMENT DES FAMILLES ET LE DÉVELOPPEMENT DES ENFANTS, ainsi que la contribution sociale, civique, économique et professionnelle des personnes aînées au développement du Québec. »
 
Je dois être bouchée ou bien ignare. Je n’arrive pas à comprendre comment la désinstitutionnalisation des aînés en perte d’autonomie cadre dans cette mission.
 
Ai-je besoin d’en rajouter ?
 
 

  

 

Grand-maman Bernadette
Noël 1976
Elle a été onze ans dans ce lit...
 
Je t'aime grand-maman
Si seulement tu savais à quel point j'aurais voulu faire quelque chose pour toi
Mais je n'ai pas pu...



Mais je n'ai pas dit mon dernier mot !
 
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G
Petit test...
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P
Autrefois, la vie était organisée pour que les anciens puissent en terminer assez tranquillement : les maisons étaient vastes et abritaient souvent plusieurs génération. Aujourd'hui tout est riquiqui, minuscule et pourtant les besoins des aînés n'ont pas changés. Ici, en France, les maisons, quand les gens n'ont pas de sous, sont des mouroirs glauques. Mais on s'en fout, hein ? on s'en fout de partout des vieux, enfin, dans nos civilisations riches. Ils n'ont plus de valeur économique. Putain de planète ! bises Penny
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