LA VIE ME TUE
« Tu vas voir, dans quelques temps, on n’en parlera même plus », m’a dit ma chum au sortir du documentaire de Paul Arcand, Les voleurs d’enfance.
C'est exactement ça qui s'est passé.
À part Nathalie Simard que l'on voit à la télé de temps en temps, on ne peut pas dire que les médias débordent de nouvelles sur les mesures concrètes qui s’imposent pour corriger la situation des enfants maltraités.
Une nouvelle succède à une autre qui sombre dans l’oubli. Mais qu’importe ce qui se passe dans le « grand monde », moi je n’oublie pas. Parce que…
Parce que… la vie me tue.
Oui, la vie me tue quand une travailleuse sociale ferme un dossier d’enfant maltraité faute de réponse. La vie me tue quand un haut dirigeant de la DPJ n’a pas l’air de savoir ce qui se passe dans sa belle grande tour d’ivoire. La vie me tue quand une ministre, confrontée aux mauvais traitements des enfants en centre d’accueil, semble ne s’en remettre qu’aux propos des responsables mis au banc des accusés.
Pire, la vie me tue quand un parent n’est pas poursuivi en justice, ou qu’il reçoit une peine minimale pour avoir maltraité son enfant. La vie me tue quand on enchaîne un enfant comme une bête de cirque. La vie me tue quand, au lieu d’emprisonner un parent abuseur, on envoie son enfant dans un centre d’accueil aux allures de prison, même pire.
La vie me tue quand on enferme un enfant dans une salle d’isolement parce qu’il pleure trop ou qu’il se choque de ne pas comprendre ce qui lui arrive. La vie me tue quand un enfant est ballotté d’une famille d’accueil à une autre. La vie me tue quand un enfant est agressé dans sa famille d’accueil. La vie me tue quand un enfant est remis à la charge du parent agresseur. La vie me tue quand la société rejette un enfant maltraité parce qu’elle le trouve trop « fucké ».
Alors, oui à une meilleure organisation des services sociaux pour la jeunesse. Oui à une loi qui réduit le ballottage. Oui à l’adoption plus rapide. Mais surtout, oui à des peines sévères pour les agresseurs !
À mon avis, un proche qui abuse de son pouvoir pour maltraiter, violer, toute personne sous sa responsabilité mérite la peine de mort. J’irais même plus loin. Tous ceux qui savent et se taisent sont autant condamnables que l’agresseur. Car il n’y a pas de plus grand crime que celui d’abuser de ceux qui sont sous notre responsabilité et qui nous font confiance.
Alors, n’arrêtons pas d’en parler. Et surtout, agissons de façon à protéger nos enfants.
Il serait temps que nos politiciens s’enlèvent les doigts dans le nez pour agir concrètement dans ce dossier. Ça fait beaucoup trop longtemps que nos enfants souffrent.
Quant à moi, je continue d’en parler à ma manière parce que… la vie me tue.
Et vous, est-ce que la vie vous tue aussi ?